• la petite fille aux araignées guduleMiquette refuse de communiquer avec autrui, mais elle parle dans sa tête, se raconte... Elle raconte pourquoi elle élève des araignées, les nourrit de mouches qu'elle attrape en compagnie de Gogol, son « pote » mongolien, à l'hôpital où elle a fini par échouer... Elle raconte comment, un jour, sa mère a commencé à vieillir à toute allure pendant que sa tante rajeunissait.  L'histoire de Miquette n'est-elle que la fabulation d'une petite fille traumatisée, ou a-t-elle pénétré dans un territoire où la magie vaudou se moque bien de la psychanalyse ?

     

     

     

     

     

    Conquise par La Baby-Sitter de Gudule, j'avais hâte de me replonger dans un de ses contes fantastiques, pour adultes bien plus que pour enfants... L'auteur a en effet une vision de l'enfance particulière, sans tabou et sans mièvrerie, mais non dénuée de poésie.

     

    Vision intime des peurs de Miquette, nourrie comme tout enfant d'histoires de sorcières, fées et autres magiciennes, La petite-fille aux araignées nous emmène loin, très loin dans le macabre, l'horreur aussi... Car, Gudule raconte les traumatismes sans fard, crûment, certes, mais de façon quasi lyrique.

     

    On regarde Miquette tendrement, on l'accompagne et on craint à chaque instant pour elle. Les adultes ont voulu l'épargner, lui taisant la vérité, or, Miquette verra tout, comprendra tout et voudra tout réparer toute seule, car les grands l'ont laissée à l'écart finalement, et rien n'a fonctionné exactement comme ils l'espéraient.

     

    Mutique, Miquette n'en est pas moins forte et sensible, qui nous confie ses terribles secrets, son amour pour sa mère, sa tendresse pour son chien ; ses sentiments et ses émotions sont si sincères, le contexte ancré dans la réalité, et le fantastique à chaque coin de pages que c'en est troublant. Oeuvre fantastique ? Schyzophrénique et donc psychanalitique ?

     

    Bref : dérangeant et dérangé, une lecture à ne pas rater ! Âmes sensibles, vous êtes prévenues...

     

    Le petit plus : disponible en version numérique, à un prix très raisonnable...

     

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  • les portes du secret 1 le poison écarlate maria v snyder« Si tu veux continuer à vivre, Elena, il te faudra avaler une dose quotidienne de cet antidote... »


    Enfermée dans les cachots du château d'Ixia et condamnée à mort pour le meurtre du fils du général qui accueille dans son district l'orphelinat où elle a grandi, Elena croit sa dernière heure venue. Mais c'est un étrange marché que lui propose Valek, le chef de la sécurité d'Ixia, qui vient de l'arracher à sa geôle : elle sera exécutée le jour même, ou deviendra goûteur du Commandant Ambroise, et risquera la mort à chaque plat qu'elle goûtera.

    Pour être certain qu'elle ne s'enfuie pas, Valek fait avaler à Elena une dose mortelle de Poussière de Papillon. Afin de rester en vie, Elena devra chaque jour prendre l'antidote dont seul Valek connaît la formule...

     

     

    Fantasy me voilà ! Il y avait longtemps que je n’avais mis le nez dans ce genre littéraire, hormis ce qu’on appelle l’urban fantasy. Ici, la saga Les Portes du Secret s’inscrit dans la fantasy médiévale sans hésitation, et ce n’est pas le premier volet, Le poison écarlate, qui va démentir mon affirmation péremptoire.

     

    Par légères touches, on approche du genre littéraire sus-nommé, le roman s’ouvrant plutôt dans une ambiance moyennageuse que dans un univers où règnent créatures et magie. Et pourtant, et pourtant… peu à peu, Maria V. Snyder nous découvre Ixia, royaume tombé sous un coup d’Etat sous un commandement militaire. On apprend au fil des pages de nombreux éléments qui nous dévoilent son Histoire et son organisation, tout en conservant une part de mystère, car on voyage peu lors de ce premier opus, l’action se déroulant quasi essentiellement au Castel, résidence du Commandant.

     

     J’ai eu l’impression par moments de retrouver une partie de l’univers de L’Assassin Royal de Robin Hobb, la faute aux poisons et à Valek (Umbre plus jeune), et à l'interdiction de la magie mais cela s’arrête là -ou à peu près- car l'intrigue développée est différente et intéressante...

     

    L’auteur a su faire monter la pression au fur et à mesure des pages, donnant au  Poison écarlate une atmosphère lourde et pesante où planent non seulement secrets, complots, soupçons et drames, mais aussi les traces d’un passé mouvementé et grave –aussi bien du point de vue historique que pour les personnages.

     

    Le lecteur a d’ailleurs droit à une belle galerie de portraits, qui réserve moultes surprises, où, si de prime abord, les acteurs de ce volet semblent limite manichéens, très vite on entraperçoit des nuances en eux, qui nous rendent curieux. Finalement, Maria V. Snyder nous les peint plus précisément, levant le voile (en partie pour certains) sur eux, et on s'attache, on est déçu, dégoûté ou surpris, selon les uns et les autres...

     

    Il en résulte un premier volet très entraînant, page-turner sans nul doute, avec toutefois quelques bémols... Il y a eu quelques passages qui allaient un peu vite pour moi, où je me suis dit "wahou, comme ça ? ", mais rétrospectivement, je pense que l'auteur a écrit d'abord un roman de fantasy avec une touche de romance, et non pas une romance assaisonnée à la sauce magique (ce qui justifierait une parution chez Darkiss, une collection Harlequin).

     

    La fin, bien sûr, laisse le lecteur dubitatif, l'incitant à vite se procurer la suite, Le souffle d'émeraude, car l'auteur a su nous épargner le happy end total...

     

    Bref : un premier opus accrocheur, au style et au rythme enlevé.

     

    Le petit plus : c'est une trilogie, il reste donc encore deux opus pour suivre Elena et les autres !

     

    Qu'en pensent mes camarades de lecture ? c'était une lecture commune, suivez le guide pour avoir leurs avis !

     

     

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  • de sexe et de sang 1 michael angela cameron

    La détective Victoria Tyler enquête sur le nouveau tueur en série de Collins Bay, l’un des vampires de la ville. Puisqu’ils l’ont désignée comme une humaine devant être tuée ou conquise, Tori sait que son seul espoir de survie repose sur Michael. Elle ne lui a cependant pas parlé depuis la nuit où elle a tenté de le tuer.

    À titre d’homme de main d’une cosca de vampires italiens, Michael s’attend à un peu de coopération de la part de son patron. Cette part est toutefois en baisse depuis que leur chef a un nouveau favori sadique. Alors, quand la détective demande son aide, il ne s’agit que de l’excuse dont il a besoin pour prendre le contrôle de la ville — et de la délicieuse humaine.

     

    de sexe et de sang 2 jonas angela cameron

    Le Dr Elena Jenson est une immunohématologue exerçant à DIACorp, l’une des plus importantes installations de recherche médicale au monde. Elle a travaillé dur pour parvenir où elle est et adore tous les aspects de son boulot. Cependant, alors qu’elle est sur le point d’annoncer sa découverte d’un sérum qui renforcerait le système immunitaire, changeant la vie de tous les êtres humains de la Terre, un nouvel homme étonnant fait son entrée dans sa vie. Jonas, l’étrange séduisant propriétaire de la nouvelle boîte de nuit axée sur la thématique vampirique, pourrait constituer la distraction parfaite de sa vie autrement complètement consacrée au travail.

    Leurs univers ne pourraient toutefois être plus aux antipodes.

     

    Argh ! Si vous êtes fan de bit-lit un peu enlevée, avec une intrigue présente, eh bien… passez votre chemin !! Si le premier volet, Michael, certes un peu léger, un peu confus, promet une suite peut-être plus alléchante, las, le deuxième opus, Jonas, ne tient rien ou si peu… Pourtant, les choses ne s’annonçaient pas si mal que ça, avec une entrée en matière pleine d’actions, d’érotisme et de mystères…

     

    Mais non, l’auteur  ne nous éclaire pas plus sur l’univers vampirique qu’elle a créé à coups de coscas, vincolo, et autres Aleanza, code régissant les vampiros… Vous avez remarqué qu’Angela Cameron nous abreuve de termes italiens, dont on n’a aucune traduction, trop pratique !! On comprend tout de même que tout ce petit monde à canines verse dans des activités plus ou moins illégales, organisé telle une mafia, où le BDSM est la sexualité affichée des uns et des autres.

     

    Le lecteur aurait pu se satisfaire de tout ceci, car un méchant serial killer terrorise la ville, que les copains de Dracula vivent en secret près des humains, ignorants pour la plupart ce qu’il en est, et hop ! tout est gâché car lorsqu’ils le savent, se retrouvent les dominés d’un maître (oui, on se retrouve encore une fois dans le trip sado-masochiste).

     

    Si on a tenu suffisamment le choc avec Michael, en se disant que Jonas éclairerait davantage nos lanternes, on en est pour nos frais ! Je me suis trouvée complètement larguée, avec une romance du genre « emballé, c’est pesé », tout va vite, trop vite. L’intrigue tient à un fil, on découvre au passage des infects loups-garous, qui seraient des Agents (de quoi, de qui ?? mystère et boule de poils lycanthropes !), des situations complètement invraisemblables même si on est dans un monde surnaturel…

     

    Et côté personnages, on se rend compte que Jonas est un succédané de Rhage, un des héros de La Confrérie de la Dague Noire, et que Michael est inspiré du célèbre Jean-Claude, dans Anita Blake…  sans parler des demoiselles qui vont devenir leurs compagnas … bref, côté originalité, on repassera ! C’est un joyeux melting pot de toutes les séries bit-lit à succès que cette saga De sexe et de sang, au final.

     

    Bref : une série qui aurait pu beaucoup mais très décevante, pour un public averti (scènes explicites).

     

    Le petit plus : euh, je cherche encore !! Ah si, on peut s’amuser à retrouver les séries qui ont inspiré Angela Cameron, je rajoute d’ores et déjà La Communauté du Sud –Pam a un alter ego ici.

     

     

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  • les mains du miracle joseph kesselLe Dr Kersten, de nationalité hollandaise, s’était spécialisé avant la guerre dans le massage médical. Il avait suivi des cours à Londres et reçu un enseignement secret venu du Tibet. Sa célébrité en fit le médecin de Himmler, le puissant chef de la Gestapo, qui devait devenir le second personnage du Reich. Himmler souffrait de douleurs intolérables que seul Kersten parvenait à apaiser. Utilisant ce pouvoir miraculeux, le héros de cette histoire parvint à sauver de très nombreuses victimes du nazisme.

     

     

     

     

     

    C'est le tout premier écrit de Joseph Kessel que je lis (eh oui !), et je dois dire que j'ai été impressionnée... Impressionnée par son sens du récit, faisant de ce qui a priori n'était que le récit, le témoignage des actions d'un homme au sein du IIIème Reich, un objet de littérature plein de vie.

     

    Et pourtant, l'ombre de la maladie, de la souffrance et de la mort plane sur Les mains du miracle. La personnalité du Dr Kersten, bon vivant, médecin "zen" dirons-nous, éclaire cette biographie romancée -j'ai du mal à dire roman- d'un air joyeux, d'un optimisme forcené... même si par moments, le poids de la machine de destruction nazie se fait sentir dans toute son obscure force sur lui aussi -qui se considère privilégié.

     

    Dès la préface, signée d'un éminent professeur d'histoire moderne à l'Université d'Oxford, on connait les tenants et les aboutissants de l'affaire du Dr Kersten... Mais Kessel nous en dévoile les rouages et détails, basés sur le témoignage du-dit masseur et sur son journal tenu secrètement durant tout le temps qu'il a fréquenté Himmler. Sur fond de réalité historique -la montée du nazisme, puis le IIIème Reich et la Seconde Guerre Mondiale-, nous approchons du Chef des SS dans l'intimité, celle de ses douleurs, de ses lâchetés, de son idolâtrerie pour Hitler, de son aveuglement, de sa folie.

     

    Nous découvrons des complots, des plans dignes d'espions ou de grands malades mentaux, mais surtout nous assistons, éberlués, à la relation de Kersten et de Himmler. L'intelligence du Hollandais est stupéfiante, son habileté à manipuler l'Allemand proprement ahurissante...

     

    Le tout se dévore d'une traite, car l'auteur a su faire des Mains du miracle un récit haletant, où l'on tremble, espère, pleure, et où on s'attend au pire comme au meilleur au détour de chaque page.

     

    Bref : un roman historique très prenant et à lire absolument, on voit l'Histoire s'écrire sous nos yeux !

     

    Le petit plus : l'admiration que je ne peux que ressentir pour le héros, un vrai, en chair et en os... et les appendices en fin d'ouvrage qui permettent d'avoir plus de détails, notamment sur ce que sont devenus certains des protagonistes.

     

     

    dr kersten

     

     

     

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  • les fleurs de l'ombre steve mosby

    Les choses ne se passent jamais ainsi.


    Si l’inspecteur Michael Sullivan a appris quelque chose au cours de ses douze années passées dans les forces de police, c’est bien que les petites filles ne se contentent pas de réapparaître comme par enchantement. Il le sait par expérience, ce n’est pas ainsi que fonctionne le monde. Tout ce qu’il a pu voir par le passé et tout ce qu’il continue à voir dans le présent lui prouvent le contraire : la lente désintégration de tout ce qui est juste et bon.


    Ainsi commence La Fleur de l'Ombre  -ou Les Fleurs de l'ombre ? -, roman obsédant écrit en 1991, et qui peu à peu, envahit la vie des personnages, à tel point qu'il est difficile de discerner la fiction de la réalité, où l'on ne sait plus qui s'inspire de quoi : le psychopathe du roman ou l'écrivain du tueur  malade ? ou autre chose est-il en jeu ?



    J’avais gardé un très bon souvenir d’Un sur deux de Steve Mosby, et j’ai peu hésité lorsque j’ai vu en rayon Les Fleurs de l’ombre… 

     

    Livre(s) dans le livre –où le roman de Mosby commence-t’il vraiment ? où s’arrête celui du romancier imaginaire ?-, mise en abyme perpétuelle et qu’on dirait sans fin, Les Fleurs de l’ombre est un roman noir, très noir, sans sucre ni lait, qui laisse un goût amer en bouche.

     

    Dans ce roman plus que réussi, l’auteur piège le lecteur dans un puzzle aux pièces innombrables, dont on ne discerne pas toujours les contours, mais sans jamais le lasser, bien au contraire ! Reconstituer l’image complète va nous prendre du temps, jusqu’à l’épilogue, pour terminer sur un dénouement non pas machiavélique mais bien sombre, si sombre que l’on sent flotter dans les ultimes pages tous les fantômes du –pardon ! – des livres.

     

    L’auteur américain a su écrire dans des styles différents selon l’auteur  -Steve Mosby ? un autre ?-, de façon assez perturbante –difficile de discerner la vérité-, mais toujours convaincante. A travers ce thriller, a-t’il voulu nous faire part d’une réflexion sur les écrivains et leur œuvre, leurs personnages ? Relation ambigue qu’ils entretiennent, ceux-là, en effet… Quand on croit avoir atteint le paroxysme de cet inceste (sans spoiler, je dirai juste pour ceux qui l’ont lu, la découverte d’une certaine pièce), on réalise qu’on ne fait que tomber de Charybde en Scylla, et le lien qui unit tout créateur avec son œuvre nous semble monstrueux…

     

    Oui, mais… Il est difficile de décrocher de ce roman, difficile de s’arrêter à la fin d’un chapitre ou au milieu d’une page, comme conduit  à la fois par une fascination malsaine, une curiosité irrépressible et un besoin maladif d’être finalement rassuré. Je l’ai lu avec le cœur serré, les lèvres pincées, à la limite quelquefois du malaise, tant l’univers du tueur est dur, dur à lire et à imaginer… Et on n’a aucun mal à le faire, cela, car Mosby, poètiquement, trempe sans équivoque sa plume dans le morbide non pas sensationnel mais évocateur et sublime à la fois (en écrivant ces mots, je me fais l’effet d’un monstre et me sens mal).

     

    Je sirotai mon vin puis ramassai les pages, les alignai en les tapotant sur mon bureau et entrepris de les relire.

    Plutôt bizarre.

    Et plutôt dur, aussi.

    Mais les histoires peuvent se le permettre, tant qu’elles sont honnêtes.

     

    En sus de cette intrigue et de cette ambiance, Les Fleurs de l’ombre porte des personnages complexes, dont on est curieux, auxquels il n’est pas si facile que ça de s’attacher, mais qui nous font passer par des tonnes d’émotions et d’opinions… tout est vraisemblable, et en même temps, tout nous semble extraordinaire, à la limite du surnaturel. J’ai vu un film ce soir où l’on dit des psychopathes : « ils vivent dans un monde parallèle, où il est possible de voler », c’est exact ici.

     

    Bref : un roman coup de poing, coup de cœur… coup de poing au cœur !!

     

    Le petit plus : Le prix réduit de la version numérique, merci aux éditions Sonatine, chez qui on trouve doublement des trésors !

     

    Les indispensables : 354 pages, éd. Sonatine, janv 2012 (20 € / 14,99 € ebook)

     

     

    black Flowers Steve Mosby

     

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