Ils sont frère et sœurs. Depuis quelques heures, ils sont orphelins. Ils ont juré qu'on ne les séparerait pas.
Il y a Siméon Morlevent, 14 ans. Maigrichon. Yeux marron. Signe particulier : surdoué, prépare actuellement son bac.
Morgane Morlevent, 8 ans. Yeux marron. Oreilles très décollées. Première de sa classe, très proche de son frère. Signe particulier : les adultes oublient tout le temps qu'elle existe.
Venise Morlevent, 5 ans. Yeux bleus, cheveux blonds, ravissante. La petite fille que tout le monde rêve d'avoir. Signe particulier : fait vivre des histoires d'amour torrides à ses Barbie.
Ils n'ont aucune envie de confier leur sort à la première assistante sociale venue. Leur objectif est de quitter le foyer où on les a placés et de se trouver une famille.
A cette heure, deux personnes pourraient vouloir les adopter. Pour de bonnes raisons. Mais aussi pour de mauvaises. L'une n'est pas très sympathique, l'autre est irresponsable, et... Ah, oui ! Ces deux personnes se détestent.
Oh, boy ! est sans conteste une histoire touchante, devant laquelle je me suis retrouvée à pleurer à plusieurs reprises... car Marie-Aude Murail en a fait un livre qui parle aussi bien aux adultes qu'à un lectorat plus jeune auquel il est d'abord destiné, les thèmes qu'elle y aborde étant sensibles mais aussi universels : le deuil, la tolérance, la souffrance, la fraternité, la maternité, et d'autres encore.
L'auteur raconte du point de vue des différents personnages successivement toute cette affaire qui est celle d'une tutelle, pas forcément évidente, puisque d'une fratrie de trois enfants à ne pas séparer de préférence. Le point de départ de l'intrigue va donner lieu à une histoire où vont se retrouver mêlés tout un tas de personnages annexes aux enfants et à leurs présumés tuteurs. On va ainsi lire un roman étoffé, certes court et qui se lit vite, où l'encre qui noircit les pages est comme le sang qui irrigue nos veines.
La vie souffle sur Oh, boy ! et un sentiment d'authencité s'en dégage, nous touchant en plein coeur. Marie-Aude Murail aborde des sujets graves, mais sait aussi alléger son roman, par des touches d'humour nous évitant de plonger en plein pathos. Le livre est une leçon de vie, de courage, et aussi de maturité. Les personnages grandissent, font l'apprentissage des compromis mais aussi de l'amour, et l'on s'attache à eux malgré -ou à cause- de leurs défauts tout autant que de leurs qualités. On apprend à les connaître peu à peu, à changer le regard que l'on porte sur eux ce prime abord, tout comme eux vont le faire pour les uns et les autres.
L'écriture, simple et déliée, soignée aussi, s'adresse sans concession aux jeunes , et joue avec la langue, aussi bien dans la bouche des adultes (par exemple, la juge mangeant son chocolat !) que dans celles des enfants (entre Siméon et ses soeurs, on est royalement servi !).
Bref : un petit roman pas simpliste pour deux ronds, touchant et émouvant, qui aborde magnifiquement des thèmes difficiles.
Le petit plus : le livre a reçu près d'une vingtaine de prix... Il a été adapté pour la télé (apparemment une adaptation pas très fidèle) et au théâtre, pour lequel il a obtenu le Molière du spectacle jeune public 2010.
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